Les Perelle
PERELLE (Gabriel), célèbre dessinateur et graveur français, né à Vernon-sur-Seine vers ou 1598, mort à Paris en 1675. Fils d'un fermier du duc de La Vieuville, il entra, en qualité de valet de chambre, au service de ce grand seigneur, alors surintendant des finances de Louis XIII. Le duc eut assez d'intelligence pour voir bientôt que son jeune valet de chambre avait des aptitudes peu communes et une passion véritable pour les choses d'art. Non seulement il excusa chez son domestique ces aspirations qu'il aurait pu trouver déplacées, mais il eut la bonté, grande alors, d'en favoriser le développement. " II lui donna, dit Mariette, pour maître Daniel Rabel, qui peignoit, mais qui dessinoit encore plus volontiers. " Gabriel Perrelle, sous sa direction, devint promptement un habile dessinateur et, dans la suite, il dépassa de bien loin son maître pour la légèreté de la plume, la finesse et l'égalité des traits. […] " Les Perelle, dit [Mariette], dont on a rassemblé ici les ouvrages, ont si bien réussi dans les sujets de paysage, qu'ils en ont fait leur unique talent. Ils en ont mis au jour un nombre très considérable, qui sont presque tous de leur invention, et dont on ne peut assez admirer la beauté du travail. Jusques à eux, aucuns graveurs n'en ayoient exécuté avec autant de propreté, ny où la netteté des traits, la dégradation, l'accord et le passage harmonieux des ombres et des demi-teintes, par rapport au plan et à l'éloignement des objets, fussent observés avec autant de patience et de précision ; car ils ont poussé cette partie de la gravure au plus haut point de perfection où elle pouvait arriver […] " Ces observations de Mariette ne laissent rien à désirer ; elles donnent de ce maître l'idée la plus juste qu'on en puisse avoir. Grâce à la collaboration intelligente et fort active de ses fils, dont nous parlerons plus loin, Gabriel Perelle fit honneur aux commandes innombrables qu'il recevait au temps de sa plus grande vogue. On comprendra d'ailleurs dans quelles proportions il dut travailler quand on saura que son œuvre comprend près de sept ou huit cents morceaux. Cette vogue immense eut pour cause première la faveur du roi, qui fut toujours acquise à l'artiste depuis les recommandations du duc de La Vieuville. Bien que le surintendant fût mort en 1653, son protégé garda toute sa vie la faveur de la cour. Vers la fin dé sa longue carrière, il fut nommé directeur des plans et des cartes du cabinet du roi, où il travaillait depuis longtemps déjà, si l'on en juge parles cartes, plans et lavis qu'il y a laissés, et dont certains sont décorés avec un goût exquis, une grande richesse d'imagination. Les gravures les plus intéressantes de Gabriel Perelle se trouvent réunies en plusieurs albums in-folio…
PERELLE (Nicolas), peintre et graveur français, fils du précédent, né à Paris vers mort à Orléans vers 1692. Elève de son père; il commença par l'imiter avec tant de bonheur, qu'il est bien difficile de distinguer les ouvrages qui appartiennent à l'un ou à l'autre. Cette observation, empruntée aux Mémoires sur Perelle, est vraie pour les travaux de la première heure seulement, alors que Nicolas, travaillant en sous-ordre sous la direction de Gabriel, ne pouvait échapper à la double influence du talent et de l'affection paternels. Mais il serait injuste de l'étendre jusqu'à son œuvre tout entière, où, à défaut d'un mérite transcendant, perce tout au moins une véritable originalité. Il n'en put être autrement, Nicolas ayant été livré surtout à l'influence plus sérieuse de Simon Vouet et de son école. Dès que son père, en effet, n'eut plus un aussi grand besoin de sa collaboration, comme il était né peintre plutôt que graveur, il se hâta d'entrer dans l'atelier du célèbre maître et s'y fit remarquer autant par son assiduité que par ses rares aptitudes.
PERELLE (Adam), peintre et graveur français, frère du précédent, né à Paris en 1628, mort dans la même ville en 1695, ou, d'après d'autres biographes, en 1702. Il fit en son temps plus de bruit que son père et son frère ; cependant il ne saurait en aucune façon leur être comparé. Doué d'une physionomie séduisante, ayant acquis à la cour, où d'ailleurs il était né, des manières exquises, il bénéficia, jeune encore, de tout le crédit dont jouissait son père. Avant qu'il eût rien produit, il fut choisi par le prince de Condé pour être le maître de dessin de son fils, le jeune duc de Bourbon. Cette position magnifique le mit eu grand crédit auprès des princes, du roi lui-même et des plus grands seigneurs. Dès son enfance, il avait reçu les faveurs les plus enviées ; à quatorze ans, il gravait pour le chevalier de Beaulieu les profils des villes conquises par les Français. […]
Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. 1875
Ces articles de Pierre Larousse (1817-1875) datent du début de la IIIe République, ils reflètent les connaissances d'une époque et la sensibilité artistique d'un auteur.